Manifeste
Dresser le bilan de trente années de lutte contre le racisme en France – si l’on prend comme point de départ la création de SOS Racisme en 1984 -, c’est bien entendu se féliciter des avancées positives, mais c’est aussi mesurer le chemin qu’il reste à parcourir, ce que ne manquent pas de rappeler les organisations antiracistes, chiffres et statistiques à l’appui.
L’ antiracisme en France
Or, il semble que, loin d’être apaisé, le climat social tend depuis quelques années à se crisper plus que jamais autour des questions de l’identité, des origines, de la représentation, du passé colonialiste, avec l’émergence de revendications toujours plus clivantes fondées sur le communautarisme et une pensée racialiste. La notion de « race » que nous pensions fort heureusement dépassée s’est non seulement réintroduite au cœur de notre société mais plus encore n’a de cesse d’être revendiquée.
Dans ce contexte de tensions résurgentes, il nous apparaît urgent de restituer à la lutte antiracisme sa vocation fondamentale à prôner l’universalisme.
Les dérives de l’antiracisme
De nombreux exemples témoignent de l’ampleur de ce mouvement de fond qui consiste à servir du combat antiraciste pour creuser le fossé communautariste en encourageant les velléités identitaires.
Les dérives identitaires et communautaristes d’une partie des mouvements se réclamant de l’antiracisme, tout comme les différences de traitement, de mobilisation et de réactions selon les cibles visées par le racisme, sont manifestes et tendent à décrédibiliser le mouvement dans son ensemble.
LÉA : les valeurs et le sens de notre action
C’est pour combattre cette confusion entretenue qui favorise l’expression de toutes sortes d’idéologies extrémistes que nous avons fondé l’organisation LÉA (Lutte pour l’Égalité dans l’Antiracisme). LÉA est l'une des rares associations de lutte contre le racisme qui promeut ouvertement l’idéal universaliste hérité des Lumières.
LÉA est laïque, apolitique, et indépendante ; c’est là une condition absolue pour inscrire notre action dans un cadre républicain qui s’accorde à nos valeurs. Notre association se donne pour double objectif d’apporter une aide aux victimes de racisme et de dénoncer tout acte ou discours qui contribuerait à l’alimente.
Nous affirmons la portée universaliste de notre combat : LÉA entend contribuer à instaurer davantage d’égalité dans le traitement des faits, des discours et des généralisations fondés sur la couleur de peau, et revenir ainsi aux valeurs originelles de la lutte contre le racisme.
Il convient pour cela de prendre en compte toutes les formes de racisme et de condamner sans équivoque, et avec la plus grande fermeté, toute idéologie, tout discours, de nature identitaire. Il est urgent de combattre les mouvements racistes que sont le décolonialisme et l'indigénisme et de mettre un frein à leur progression au sein de l’Enseignement supérieur. En effet, jusqu’à présent - et c’est la première condition de leur développement – ces discours de haine et les manifestations qui les accompagnent n’ont rencontrés qu’un silence gêné, des débats confus, une peur de l’intolérance, dans une société travaillée par la culpabilité et la repentance ; ainsi l’absence de condamnation ferme et massive qui aurait dû émaner de la sphère médiatico-politique est apparue comme une forme de légitimation : la portée discriminante de leur discours ayant été sous-estimée, passée sous silence, voire niée, elles ont eu tout loisir d’asseoir, parfois au nom et au sein mêmes de l’antiracisme, une parole décomplexée chargée de revendications idéologiques extrémistes.
Nous accompagnons les victimes de toutes les formes de racisme, il est question de défendre l’égalité humaine, personne ne doit être laissé pour compte.
Nous appelons tous ceux qui veulent bâtir un antiracisme universaliste, ayant vocation à promouvoir une authentique fraternité, à nous témoigner leur soutien. Nous en appelons à tous les bénévoles du militantisme antiraciste, qu’elles que soient leurs orientations politiques ou leur couleur de peau, à nous rejoindre, pourvu qu’ils aient à cœur de défendre la liberté d’expression et l’égalité républicaine, à tous ceux que n’effraie pas le débat d’idées mais qui refusent l’établissement de communautarismes agressifs aboutissant fatalement à des affrontements et à des revendications sans fin.
Nous sommes au début d’un combat idéologique qui s’annonce d’autant plus passionnant que l’enjeu est de taille car, ne nous y trompons pas : il s’agit bien aujourd’hui de défendre les valeurs de la République.