Racisme anti-Blancs : Unir nos différences pour combattre l’indifférence
L’antiracisme en France
Dresser le bilan de trente années de lutte contre le racisme en France – si l’on prend comme point de départ la création de SOS Racisme en 1984 -, c’est bien entendu se féliciter des avancées positives, mais c’est aussi mesurer le chemin qu’il reste à parcourir, ce que ne manquent pas de rappeler les organisations antiracistes, chiffres et statistiques à l’appui.
Or, il semble que, loin d’être apaisé, le climat social tend depuis quelques années à se crisper plus que jamais autour des questions de l’identité, des origines, de la représentation, du passé colonialiste, avec l’émergence de revendications toujours plus clivantes fondées sur le communautarisme et une pensée racialiste.
Dans ce contexte de tensions résurgentes, il est un phénomène relativement passé sous silence, voire nié, et dont la montée est inquiétante : le racisme anti-Blancs.
L’actualité récente et les dérives de l’antiracisme
De nombreux exemples témoignent de ce mouvement de fond ; si certains faits, comme le « camp d’été décolonial » en 2016, le festival « afroféministe » et l’organisation d’ateliers « en non-mixité raciale » (réservés aux non-Blancs) ont fait polémique, d’autres manifestations ou discours, semblent provoquer moins de débats, comme par exemple le retrait des statues de Colbert dans les lieux publics ou la référence au concept de privilège blanc importé des Etats-Unis, qui permet de désigner l’homme Blanc comme l’oppresseur des « racisés » alors qu’on ne le considère ni ne le représente jamais comme victime potentielle ou effective de racisme. Cette caractéristique est d’ailleurs mise en scène dans les vidéos illustrant la campagne gouvernementale « Tous Unis Contre la Haine » où l’on fait porter aux Blancs le rôle d’agresseurs racistes mais jamais celui de victime.
Cette construction de la « blanchité », avec tous les stéréotypes qui l’accompagnent, conduit à exacerber les tensions dans la société française et n’est digne ni des valeurs de la République, ni des objectifs fondamentaux de la lutte contre toutes les formes de racisme.
Les dérives identitaires et communautaristes d’une partie des mouvements se réclamant de l’antiracisme, tout comme les différences de traitement, de mobilisation et de réactions selon les cibles visées par le racisme, sont manifestes et tendent à décrédibiliser le mouvement dans son ensemble.
OLRA : Les valeurs et le sens de notre action
C’est pour combattre cette confusion entretenue qui favorise l’expression de toutes sortes d’idéologies extrémistes que nous avons fondé l’organisation OLRA (Organisation de Lutte contre le Racisme anti-Blancs).
OLRA est la seule association de lutte contre le racisme anti-blanc qui soit laïque, apolitique, et indépendante ; c’est là une condition absolue pour inscrire notre action dans un cadre républicain qui s’accorde à nos valeurs.
Notre association se donne pour double objectif d’apporter une aide aux victimes de racisme anti-blanc et de dénoncer tout acte ou discours qui contribuerait à l’alimenter. Quand Dominique Sopo réprouve et condamne publiquement la tenue des réunions en non-mixité, nous saluons cette prise de position claire et courageuse ; de même que nous encourageons le soutien aux grandes organisations dont le combat antiraciste conserve sa dimension, essentielle, d’universalisme.
S’il nous faut protéger la population blanche contre les attaques dont elle est l’objet, nous affirmons en même temps la portée universaliste de notre combat : l’OLRA entend contribuer à instaurer davantage d’égalité dans le traitement des faits, des discours et des généralisations fondés sur la couleur de peau, et revenir ainsi aux valeurs originelles de la lutte contre le racisme.
Il convient pour cela d’exposer le double processus qui a permis, à ces manifestations d’hostilité envers la population blanche de se sentir en quelque sorte autorisées. Elles traduisent d’abord un profond ressentiment au sein d’une partie de la population. Ensuite – et c’est la première condition de leur développement – ces manifestations n’ont rencontré qu’un silence gêné, des débats confus, une peur de l’intolérance, dans une société travaillée par la culpabilité et la repentance ; ainsi l’absence de condamnation ferme et massive qui aurait dû émaner de la sphère médiatico-politique est apparue comme une forme de légitimation : la portée discriminante de leur discours ayant été sous-estimée, passée sous silence, voire niée, elles ont eu tout loisir d’asseoir, parfois au nom et au sein mêmes de l’antiracisme, une parole décomplexée chargée de revendications idéologiques extrémistes.
Les raisons qui expliqueraient le renoncement (ou le refus) à traiter comme il se doit cette montée d’intolérance sont multiples et historiquement établies. Contentons-nous ici de n’en citer qu’une, la plus évidente, la plus élémentaire, qui ne s’use pas tant que l’on s’en sert : Ne pas faire le jeu de l’extrême droite. La crainte d’être assimilé à une quelconque mouvance extrémiste conduit à tolérer l’inacceptable.
L’OLRA condamne cette posture de fuite facile qui coupe court à tout débat et permet de ne pas prendre parti. Nous relevons le défi d’aborder une problématique sensible et clivante, tout en refusant d’être de près ou de loin assimilés à une quelconque mouvance politique extrémiste ou identitaire.
Nous appelons tous ceux qui veulent œuvrer à la reconnaissance du racisme anti-Blancs, en vue d’une société plus équitable, à nous témoigner leur soutien. Nous en appelons à tous les bénévoles du militantisme antiraciste, qu’elles que soient leurs orientations politiques ou leur couleur de peau, à nous rejoindre, pourvu qu’ils aient à cœur de défendre la liberté d’expression et l’égalité républicaine, à tous ceux que n’effraie pas le débat d’idées mais qui refusent l’établissement de communautarismes agressifs aboutissant fatalement à des affrontements et à des revendications sans fin.
Nous sommes au début d’un combat idéologique qui s’annonce d’autant plus passionnant que l’enjeu est de taille car, ne nous y trompons pas : il s’agit bien aujourd’hui de défendre les valeurs de la République.
Laurent de Béchade, Président de l’OLRA.